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TOUT FEU TOUT FLAMME (Suite)

 COLLEGE HOMEOPATHIQUE DE FRANCE (2006)  : 64IEME JOURNEE DE PRINTEMPS SUR LE THEME :

TOUT FEU, TOUT FLAMME (suite)

FEU, NAISSANCE ET ALCOOL Par Djohar SI AHMED

Merci à tous d’être là. Et merci particulièrement à toute l’équipe de CHF et au Dr Philippe Ducornet de m’avoir de nouveau invitée à parler devant vous.

Après les développements que nous venons d’entendre sur le feu de Saint-Antoine, la symbolique du feu, ses divers complexes et correspondances cliniques, je vais vous présenter une observation, que j’ai intitulée : Anna ou la reviviscence d’une naissance dans le feu. Elle pourrait tout aussi bien s’appeler une naissance arrosée. En outre, en rédigeant ce papier, je me suis rendue compte qu’une autre observation, que j’ai d’ailleurs eu l’occasion de présenter en 2004 devant certains d’entre vous, venait parfaitement illustrer et compléter cette première observation.  Vous aurez deux observations pour le prix d’une…

TRH :

Ces observations sont tirées de séances de TRH ou Travail de Respiration Holotropique. Qu’est-ce donc que le TRH ? Il s’agit d’une forme de thérapie, dite de transe, très mobilisatrice d’affects, complémentaire des approches et des thérapies verbales. Cette approche renoue, sous une forme évidement remaniée, avec des pratiques de transe retrouvées dans toutes les sociétés, depuis la nuit des temps. Ces pratiques furent, en occident, aux origines mêmes de la psychothérapie, on pourrait dire aussi aux origines des sciences humaines. A ces origines nous retrouvons deux grands ancêtres précurseurs : Frantz Anton Mesmer et le Marquis de Puysegur.

Comme pour beaucoup de grands précurseurs, leurs noms et leurs œuvres ont été largement occultés par les mouvements, les idées, les mentalités, mais aussi les découvertes, les modes, les usages qui leur ont succédé depuis deux siècles. Cependant et grâce à Léon Chertok, et à l’Institut Français d’Hypnose, les travaux de ces illustres prédécesseurs ont pu être revisités, et réédités.

Si j’évoque ici ces noms, c’est pour plusieurs raisons :

– En raison de leur pratique : Mesmer et Puysegur, bien que de personnalités fort différentes, furent en effet les premiers, en France et en Occident, à induire dans une pratique thérapeutique de groupe, des états de somnambulisme, des états ou crises magnétiques, des effets cathartiques : autour du baquet pour Mesmer et de l’orme du village de Buzancy, pour Puysegur. Nous dirions actuellement des états de transe.

– En raison de leur éthique, leur sens du respect de l’être de l’autre, s’exprimant en état de transe. On dirait aujourd’hui fonction de contenant, garant de l’homéostasie narcissique du patient. Souci d’accompagner et de se mettre au service des instances autoguérisseuses libérées en état de transe.

– En raison de leur conception de l’énergie psychique mais aussi physique. L’énergie psychique qui est encore une grande énigme (bien que l’on puisse commencer à l’objectiver par l’effet Kirlian ou la photoluminescence) fut appelée à l’époque magnétisme animal. Magnétisme qui s’exprime, circule, transite sous la forme d’un fluide que l’on peut influencer grâce à des « passes » magnétiques.

Cette énergie a ses modes de circulation, de manifestation, d’expression, de transformation, et transmutation, et ceci des niveaux les plus physiologiques, jusqu’aux niveaux les plus élevés ou spirituels, en passant par les niveaux psychologiques. Or, en relisant les textes de Mesmer, en vue de cette journée, j’ai eu la surprise de découvrir qu’il posait déjà en 1779, dans son Mémoire sur la découverte du magnétisme animal, une équivalence tout à fait intéressante, à travers ce qui suit :

Le magnétisme animal, considéré comme un agent, est donc effectivement un FEU INVISIBLE !! Il s’agit :

  • De savoir provoquer et entretenir par tous les moyens possibles ce feu et d’en faire l’application,

  • De connaître et lever les obstacles qui peuvent troubler ou empêcher son action et l’effet gradué qu’on cherche à obtenir dans le traitement,

  • De connaître et de prévoir la marche de leur développement pour en régler et en attendre avec fermeté le cours jusqu’à la guérison,

    Voilà à quoi se réduit généralement la découverte du magnétisme animal, considéré comme moyen (souligné) de préserver des maladies et de les guérir.

    Le feu et ses différents destins, en lien avec l’énergie psychique ou même représentant de l’énergie psychique. Je vais quant à moi aborder les choses par la clinique. Mais avant, je me dois dire quelques mots du contexte dont sont tirées ces observations, à savoir le cadre le TRH ou travail de respiration holotropique :

    J’ai dit tout à l’heure que si j’évoquais les noms de Mesmer et de Puysegur, c’est en raison de leur pratique : la transe somnambulique, transe et que nous avons repris sous cette forme appelée Travail de respiration Holotropique, à partir du travail de Stanislav Grof.

    Rappelons que le mot holotropique signifie : se mouvoir vers le tout, la totalité de son être, vers une intégration du conscient de l’inconscient, du sujet et de son environnement, de son histoire, de ses ancêtres, etc. Ce qui in fine, est le propre de tout projet thérapeutique.

    Le TRH (selon nous) doit se pratiquer en groupe. Car le groupe a, dans ce contexte, une triple fonction à l’égard du processus :

  • Amplifier les affects, c’est-à-dire l’énergie psychique de chaque participant, ou le feu de l’énergie,

  • Réguler le processus holotropique de chacun,

  • Susciter des effets de résonance entre les expériences et permettre, de ce fait la révélation d’un certain type de matériel.

L’expérience TRH :  chaque participant  est tour à tour respirant (celui qui fait activement l’expérience de la transe) et accompagnant. L’entrée en transe, ou changement d’état de conscience est induit par l’effet de groupe, une hyperventilation (en début de séance), des musiques à fort pouvoir émotionnel et un éventuel travail corporel.

Cette entrée en transe est un processus autorégulé : chaque participant vivra très exactement ce qu’il a à vivre ou à actualiser ce jour là… pour évoluer, sortir d’une impasse, résoudre un conflit intérieur inélaborable, guérir. Et c’est l’inconscient de chacun qui décidera de la nature, de l’intensité, de la qualité et du mode d’expression de ce matériel.

Il peut s’agir de reviviscences – fort différentes des remémorations en thérapie verbale et en analyse (où il peut, parfois, y avoir une composante de reviviscence mais sans l’extrême participation corporelle et affective de l’holotropie). Elles  peuvent se réaliser sur un mode visionnaire ou pseudo-hallucinatoire (hallucinations non pathologiques). Ce matériel peut s’originer de tous les niveaux de notre vie psychique : niveau biographique (freudien), niveau périnatal, niveau transgénérationnel, niveau archétypal et collectif, niveau transpersonnel enfin, qui est un très vaste domaine, pouvant concerner des niveaux d’identification extrahumains (animal, végétal, minéral, cosmique …), domaine également de l’expérience spirituelle, et de la dimension sacrée.

Dans tous les cas, se trouve souvent sollicitée une zone de la psyché extrêmement active car influençant directement toute la trame de l’existence, zone organisée pourtant autour d’un matériel impensable, infantasmable, inaccessible et que le TRH peut mettre au jour, révéler, et déployer.

Cependant, et comme dans le rêve, ce matériel peut faire retour ou pas (ou partiellement) à la conscience vigile ordinaire au décours de l’expérience ; l’inconscient peut se défendre à l’égard de certaines prises de conscience… Auquel cas le thérapeute ne pourra que constater des effets de changement ou de guérisons parfois remarquables sans qu’aucune explication ou interprétation puisse être avancée, situation frustrante mais qui doit être assumée.

L’intensité des manifestations motrices, affectives, visionnaires, en un mot l’expression d’un feu intérieur trouve à chaque fois son acmé chez un seul participant. On retrouve un des aspects de la crise mesmérienne (sans le baquet !), tout se passant comme si le flambeau du processus holotropique, passait à la manière d’un relais, d’un participant à un autre.

En outre ce feu peut prendre des expressions corporelles, somatiques, dermatologiques. Je pense à cette participante, sur la peau de laquelle nous avons vu apparaître, au sommet de l’expression de sa crise, une intense éruption sur les avant-bras, sorte de psoriasis, bourgeonnant en temps réel, brûlant comme un feu, et en lien avec sa problématique.

Le TRH enfin confronte le sujet à un processus de Mort/Renaissance : mourir à un avant pour renaître ou naître à ce qui doit advenir.

Après ce préambule un peu complexe mais nécessaire, voici deux illustrations cliniques en lien avec le thème de cette journée

ANNA OU UNE NAISSANCE ARROSEE :

Anna, jeune femme d’une trentaine d’années, s’inscrit, sur les conseils de son psychiatre, à un week-end de TRH.

Elle se plaint d’un alcoolisme sévère, consécutif, dit-elle, à son chômage et à des difficultés affectives, depuis un divorce difficile survenu quelques années plus tôt. Elle est déprimée, a perdu tous les sentiments, les sensations décrits dans le complexe de Novalis. En un mot elle est à la fois alcoolique et éteinte.

Dès le début de l’expérience, elle est saisie d’un froid intense qui non seulement ira en s’accentuant mais qui ne la quittera pas tout au long de la séance. Elle est absolument frigorifiée. Son accompagnante la recouvre de tous les duvets, de tous les pulls, de toutes les couvertures possibles, au point que cette superposition de couches prend l’apparence d’un tumulus, d’un ventre gravide ou même d’une tombe.

Parallèlement à ce froid et à cette nécessité d’y remédier, elle participe à un ensemble de scènes, de visions, de sensations, extrêmement troublantes et dont elle nous fera part plus tard, lors du groupe d’élaboration :

Elle fut, dit-elle, replongée – c’est le cas de le dire- dans la pièce glacée où elle est née, dans la maison de ses parents. Elle se revit fœtus en train de naître, confrontée à une vision d’une précision étonnante : elle assiste effarée, au propre effarement de son père qui déambule, agité, dépassé par les évènements. Pour se donner à la fois une contenance, alléger son angoisse et aussi réchauffer l’atmosphère glaciale de la chambre où a lieu l’accouchement (la naissance d’Anna), ce père décide d’allumer un feu dans la cheminée. Mais probablement trop affolé par la situation, par l’arrivée de ce bébé, il réussit l’exploit, en allumant ce feu, de mettre le feu à la pièce et à la maison. Il appelle les pompiers qui, arrivés quelques minutes plus tard, et devant l’urgence de la situation, aspergent la pièce et la maison pour éteindre le feu !

Ainsi Anna, bébé débarquant dans le monde curieux de ses parents, arrive dans la vie en passant de la chaleur du ventre maternel, et de la chaleur inhérente au processus même de la naissance, au froid glacial de la pièce, puis au chaud de la cheminée, puis au brûlant de l’incendie, puis au mouillé (eau des pompiers) et de nouveau au glacé.

A la suite de cette expérience de brûlant-glacé, glacé-brûlant, brûlant-mouillé, et mouillé-glacé, elle se réchauffe et sort de sa séance pour raconter ce qui précède.

Cette observation illustre le lien entre un changement d’état de conscience, une modification des repères spatio-temporels et l’actualisation d’un évènement ayant réellement eu lieu à l’origine de la vie et en relation de sens avec la symptomatologie de cette patiente.

Anna avait parfois entendu raconter cette histoire d’incendie ayant présidé à sa naissance, comme l’on raconte une légende familiale. Ce qui est remarquable cependant c’est la qualité de la reviviscence affective et sensorielle, et l’acuité de la perception des détails, dont la majeure partie lui sera confirmée par sa mère, étonnée du récit fait par Anne au décours de son expérience holotropique.

Si on se réfère aux racines périnatales de l’alcoolisme d’Anna, survenu après l’épreuve de la séparation d’avec son mari, il est tout à fait possible de faire un lien entre cet incendie et sa symptomatologie qui l’a amenée à s’inscrire en TRH: L’alcool par son pouvoir anxiolytique est un moyen privilégié d’apaisement,  moyen privilégié d’éteindre le feu de l’angoisse. Mais l’alcool est aussi, comme cela a été dit tout à l’heure, un remarquable moyen d’allumer ou de rallumer une flamme intérieure vacillante.

Il convient donc de souligner la prégnance particulière de ces deux mouvements antagonistes prenant naissance (c’est le cas de le dire !) dans ce moment très privilégié qu’est la naissance. On sait depuis les travaux de Konrad Lorentz en éthologie, et des observations de Harlow et Bowlby sur le chimpanzé et le bébé humain, toute l’importance des évènements vécus dans ces minutes voire ces secondes qui entourent la naissance. Les situations, les objets ou les personnes présentes et présentées, seront déterminantes dans une relation d’attachement qu’on appelle l’empreinte, et qui va persister toute la vie. Empreinte ou lien primordial et originaire à la mère ou à tout objet substitutif se présentant au bébé lors de sa naissance.

On peut donc supposer, qu’au lieu d’une empreinte faite de confortation, de bon accueil, de sécurisation, l’affolement général a perturbé ce processus. L’expérience, le vécu de cette naissance catastrophique, se réactualisent lorsque la vie réelle confronte Anna à une séparation : même affolement intérieur, même froid et même nécessité de se réchauffer, même feu et même nécessité de l’éteindre.

L’alcool représente, dans cette optique, une solution possible à deux aspects de cette problématique qui renvoie à des aspects de deux complexes dont nous avons entendu parler au cours de la conférence précédente : le complexe de Novalis (ranimer sa flamme intérieure par l’alcool) et celui d’Edgar Poe (extinction des feux : de l’angoisse, de l’action, de la vie).

L’arrosage par les pompiers (pour éteindre le feu), trouve chez Anne un écho dans la nécessité d’arroser son gosier pour éteindre le feu de son angoisse existentielle et de son vécu d’abandon.

Cette situation clinique peut être interprétée comme la conséquence d’une expérience de perte affolante d’appartenance à une totalité. Cette totalité renvoie à celle du fœtus d’avec le corps et la psyché de la mère, puis du sujet avec son milieu familial, social, professionnel, conjugal, etc. La perte du sentiment d’appartenance à une totalité est corrélative d’une massive émergence d’angoisse et de très nombreuses formes de décompensations psychiques et somatiques. Chez Anna, ce sentiment se trouve réactivé par :

  • la séparation d’avec son mari

  • la perte de son travail
    Deux épreuves dont les vécus sont co-extensifs les uns des autres et surtout co-extensifs de la première et originelle épreuve : la naissance et les conditions de sa naissance.

    Ces traumatismes résonnent entre eux et suscitent chez Anna les mêmes mouvements inconscients, le même imaginaire et la même conduite. Arroser (boire) étant l’élément salvateur aussi bien dans cette épreuve originelle que fut sa naissance que dans ses épreuves existentielles.

    .

    SERGE OU L’ALCOOLIQUE DANS LE “GRAND BLEU”

    C’est par sa mère, collègue et amie d’un participant au TRH que Serge, s’est inscrit pour une session holotropique. La trentaine, obèse, pas rasé, couvert de sueur, débordant d’angoisse, présentant un mélange d’imbibition alcoolique et neuroleptique, il reste avachi durant la présentation du matin, au point que nous nous demandions qui allait se proposer pour l’accompagner. Lors du choix des partenaires, il se laisse passivement choisir, et vivra donc d’abord son expérience de respirant.

    Après une courte phase d’hyperventilation, il plonge dans un état d’immobilité absolue ; mais avec des changements intenses sur son visage, et même une sorte “d’extase” comme s’il participait à un événement extraordinaire. Aucune intervention de notre part n’est nécessaire, si ce n’est à la fin de la séance.

    Serge apparaît comme “lavé”, “Tout s’est bien passé, dit-il, je n’aurais jamais pensé vivre une chose pareille. Au cours du groupe d’élaboration de cette fin de journée, il explicite un peu plus le contenu de son expérience et nous apprenons qu’il “a vraiment vécu le Grand bleu” (en référence au film sorti sur les écrans quelques mois plus tôt), qu’il s’est vu dans les profondeurs des eaux, et y a vécu des instants de bonheur absolu. Il n’est pas très prolixe, mais associe cependant sur une passion depuis longtemps oubliée : la plongée sous-marine, qu’il pratiquait pendant son adolescence et abandonnée par la suite, comme beaucoup d’autres choses. Il apparaît en cette fin de journée très détendu, heureux, répétant avec étonnement et ravissement “je sens que quelque chose a changé… je ne comprends pas… je ne pensais pas vivre une telle expérience”.

    Comme c’est pratiquement toujours le cas au décours de ces expériences véritablement mutatives, Serge n’est visiblement plus le même le lendemain, ou plutôt il est plus lui-même ; il est rasé de près, détendu, extrêmement présent, aucune angoisse perceptible. Il accompagne sa partenaire, de façon parfaite, intervenant juste quand et comme il le faut (car la partenaire qui avait choisi Serge, s’est avérée une respirante particulièrement agitée) pour protéger et cadrer les intenses débordements moteurs de cette dernière.

    Nous n’en apprendrons pas plus sur son expérience, car il est tout à fait possible qu’une grande partie de ce qu’il a vécu soit resté inconsciente, du moins n’a pas fait retour à la conscience vigile. Ce fut sa seule expérience holotropique, unique mais décisive.

On apprendra, et plus de deux ans après cette expérience :

Que Serge a résolu son problème d’alcoolisme, a retrouvé un métier, a quitté sa mère pour s’installer chez lui. Il ne fait pas de rapprochement conscient entre ces changements radicaux et sa séance d’holotropie et pourtant :

Cet alcoolisme durait depuis des années, probablement à la suite du décès de son père, grand alcoolique lui-même. Depuis plusieurs mois, Serge vivait, dans un état d’apragmatisme presque total, (accentué par une neuroleptisation massive), chez sa mère, après avoir perdu son emploi et son appartement. Vie renfermée, misérable et sans espoir.

Malgré le peu de matériel clinique, nous pouvons avancer certaines hypothèses interprétatives, étayées au demeurant par de nombreux cas similaires de dépendance alcoolique ou toxicomaniaque, résolues rapidement ou très rapidement en holotropie.

Grof a avancé l’hypothèse que l’alcoolisme peut être interprété comme une “quête spirituelle”, sans cesse avortée, sans cesse renouvelée, quête inconsciente de communion, de bien-être, d’élation. Hypothèse que nous avons pu vérifier maintes fois dans nos groupes.

Ce qui pourrait être aussi, selon nous, la quête d’un état hautement narcissisant inhérent à une relation satisfaisante, comblante, à la mère des premiers âges ; et au-delà bien sûr, au vécu positif de la première matrice périnatale (ou gestation) Un état dans lequel loin de se perdre, le sujet peut se retrouver, et à partir duquel une nouvelle et authentique évolution devient possible. Ce que Serge cherchait dans l’alcool, dans les aléas à sa mère réelle, sans jamais le trouver si ce n’est de façon extrêmement partielle, il l’a vécu pleinement dans sa séance holotropique. Et ce, à tous les niveaux de son être.

Revivre cet état de félicité primordiale, et le revivre pleinement et non de la façon bégayante et avortée de l’accès éthylique ou toxicomaniaque, en a liquidé la nostalgie et désaliène le sujet. En résumé, « un paradis a été perdu mais je sais maintenant et pour l’avoir revécu qu’il est là et pourrai le retrouver un jour ». Revécu à travers cette plongée dans le Grand Bleu, le renvoyant à sa passion pour la plongée sous-marine, elle-même le renvoyant à une gestation (première matrice) probablement positive.

En outre, Serge avait été choisi lors de cette expérience, par une partenaire qui s’avéra, dans sa propre expérience holotropique, autant expansive, « allumée », c’est-à-dire tout feu tout flamme, qu’il était lui-même éteint.

Conclusion :

A priori, on peut se demander pourquoi je vous ai présenté ces deux formes d’alcoolisme. Celui d’Anna s’inscrit comme on l’a vu dans la thématique de cette journée, qui est celle du feu : feu réel et feu symbolique, feu de l’angoisse à éteindre et feu intérieur à rallumer (Novalis).

Serge, lui, s’est retrouvé non pas dans le feu, mais dans l’élément antagoniste : l’eau. Il se situerait donc plus du côté d’Edgar Poe. On a vu tout à l’heure que l’alcoolisme hofmannien avait tendance à s’inverser dans une forme « Edgar Poe », l’alcoolisme de Serge a semblé, à la faveur de cette séance holotropique, réaliser le mouvement inverse, où l’alcoolisme se dissout dans l’eau de la reviviscence, dans le même temps où il retrouve une flamme intérieure, un appétit de vivre très hofmannien.

Voici donc, une façon sinon originale, et de considérer l’alcoolisme et ses racines périnatales. Je vous remercie.